Une vingtaine de cavaliers arrivèrent d'abord au galop puis au trot près des rothés.

-Rassemblez ces créatures et encerclez-les ! fit vivement un chevalier qui se détachait des autres par ses vetements et le blason qui ornait sa cape verte.

Une dizaine se mirent à rassembler les bêtes tandis que les autres encerclèrent les deux rothés sur lesquels Arzok et son compagnon étaient accrochés.

-Des Nains ! Mon seigneur se sont des Nains !

Les rothés ne bougeaient pas: apparemment ils étaient trop occupés à brouter l'herbe tendre de la prairie à leur pieds.

-Déliez-celui qui est attaché ! Descendez aussi l'autre ! Prenez garde aux cornes des rothés !
-Des quoi ? Mon seigneur ?
-Des rothés. C'est ainsi que les Nains de Belfos appellent ces créatures poilues. Et maintenant dépêchons !

Les Nains furent étendus à terre avec difficulté mais sans mal. On leur retira leurs armes et on leur desserra le col.

-Voyez s'ils respirent !
-Ce sont certainement des déserteurs de la guerre qui se déroule dans leur mine...
-Il parait que la guerre se propage chez les elfes...
-Ce sont des sottises ! Les Anges sont toujours dans les mines !

-Taisez-vous par tous les dieux !

Le chevalier qui avait laissé son cheval à un de ses hommes s'agenouilla près des deux nains et écouta leur respiration...

-Celui-ci dors profondément...Vous cinq! Emmenez-le dans la salle de séjour près de la fontaine et surveillez-le.

Aussitôt le nain fut monté sur un cheval et cinq cavaliers retournèrent à la Tour. Le chevalier fit une grimace en observant le deuxième nain...

-Il est grièvement blessé ! Dejil aides-moi à le mettre sur mon cheval !

Il fallu plus de deux hommes pour hisser le nain sur l'étalon qui piétinait: l'odeur du sang le rendait nerveux.

-Continuez de rassembler les bêtes ! J'emmène celui-ci à la salle de soin !

Le chevalier lança son cheval au trot tentant d'éviter au nain trop de secousses. Il franchit la porte annexe et, avec l'aide de trois hommes et d'une femme soignante qui était arrivée en courant, il mena Arzok dans une salle aux murs blancs. Le nain fut pris en charge par les soignantes et le deuxième médecin royal. Sa plait fut cautérisée par le feu et des bandages de lin blanc furent serrés autour de son épaule afin de maintenir la cruelle blessure fermée et les onguents appliqués dessus. On lui fit boire plusieurs drogues afin de soulager sa douleur et de l'endormir. Une femme fut chargée de ne pas quitter son chevet et quatre soldats furent postés: deux à l'intérieur de la salle de soin et deux à l'extérieur gardant la porte.

La jeune femme au chevet d'Arzok se leva surprise par l'éveil soudain du nain. Celui-ci voulu se relever mais il vacilla...

- Maître Nain !!! Vous ne devez pas vous lever ainsi !!

Le nain fut forcé à s'asseoir sur le lit.

- Votre blessure est loin d'être refermée...vous avez perdu beaucoup de sang et votre état est inquiétant...

Le nain ne pouvait se lever, car la tête lui tournait trop.

"Inquiétant? Mon état est inquiétant? Normal, je n'ai pas bu de bière depuis trop lontemps et je meure de fin!
Mais par rapport aux miens dans les mines, mon état n'est pas si mauvais...

Mais dîtes moi, gente dame, où suis-je? Et où en est la guerre dans nos mines."


HRP : Arzok sort d'un coma de plusieurs semaines. La blessure est refermée mais pas cicatrisée./HRP

Arzok mangea bruyament avec plaisir. Puis lorsqu'il eut fini, il dit ce dont il se rappellait.

"Nous avons affronté les anges avec courage et détermination. Nous en avons tué beaucoup. Mais, malgré l'intervention de ma Garde de Fer, les fameux Briseurs de Fer, nous avons été vaincu et mon bras a été emporté par un ange. Ensuite, je ne me rapelle plus, mais je crains qu'il n'y ai que peu de survivants des guerriers de notre race."

Un héraut annonça la reine et la double porte de la salle des invités s'ouvrirent. Natalya s'avança. La jeune femme qui avait veillé sur le Nain s'inclina et recula laissant la reine voir le Nain.

- Salutation maître Nain ! Je suis heureuse de vous...Seigneur Arzok ?!

La surprise de la reine et l'évidence du fait qu'elle connaissait le Nain firent virer au blanc le visage du conseiller qui venait de la prévenir.
Natalya vit alors le membre sectionné...elle fronça les sourcils et ordonna qu'on les laisse seuls. La jeune femme habillé de blanc et le conseiller vêtu de pourpre sortirent ainsi que les deux Ensis.

- Seigneur...que s'est-il passé ?

Le nain souffrit de se voir ainsi diminuer devant cette reine qu'il avait par deux fois défendues.
Son air s'assombrit. il devait donner la mauvaise nouvelle.

"Les mines sont tombées, Reine Himura. Les Nains ont été massacrés, écrasés par la masse des anges. Nous avons prélevé le tribu de notre défaite dans eurs rangs, mais nous avons battus. Et moi, dans la honte d'aoir survécu, je me présente à vous comme un messager de malheur, diminué au point de ne plus être bon à rien."

Natalya fixa le vide un moment.

- Ainsi, les Nains sont tombés...

L'ange déchue se leva avec de nouveau la rage peinte sur son visage.

- Ne dites point cela mon ami. Personne ne peut se considérer comme inutile ici ou incapable mis à part mes conseillers ! Si quelqu'un doit se maudire ici c'est bien moi. Comment n'ais-je pas réalisé avant qu'Orome ferait tout pour conquérir le royaume ? Ce conseil n'a que trop duré et le temps nous est à tous compté...
Les armées se rassemblent à Eliore, Seigneur Arzok.
Ce sera la bataille des peuples insoumis aux lois célestes. La bataille finale...

Si vous ne pouvez vous battre à nos cotés, restez ici. La chance qui vous a été accordée aux mines vous sauvera-t-elle peut-être de la mort si nous devions perdre la guerre...

Le nain se redressa comme s'il avait été blessé par les paroles de la Reine.

"Je ne resterai pas ici à attendre que le monde meurt autour de moi, Reine Himura! Si la guerre continue, j'y serai. Mais j'ai besoin de quelque chose pour cela...quelque chose que seul un nain peut construire.
Reine Himura, j'ai besoin qu'un cavalier se rende au village et demande à un nain bâtard qui y vit "la bouse du rothé barbu". il lui donnera une caisse. J'ai besoin de cela et aussi de votre forge pour me préparer.

Je ne peux ramener à mes côtés les Compagnies Libres, car elles sont tombées à mes côtés. Reine. Si je venais à mourir dans la guerre, une chose doit être fîte : il faut que les nains qui sont morts dans les Mines soient enterrés dans des tombeaux de pierre."

Natalya sourit devant la volonté du Nain.

- Je n'ai jamais douté de la bravoure des vôtres Arzok...Aujourd'hui c'est à mon tour de vous aider et je le ferais.

Natalya se dirigeait vers la grande porte lorsqu'Arzok parla des Compagnies Libres Naines tombées et de sa possible mort...

Citation :

Si je venais à mourir dans la guerre, une chose doit être faîte : il faut que les nains qui sont morts dans les Mines soient enterrés dans des tombeaux de pierre.

La déchue fixa le Nain dans les yeux avec intensité.

- Je vous le promet Seigneur.

La reine inclina la tête comme un salut solennel puis alla ordonner à un Ensis d'aller quérir le matériel dont Arzok avait besoin. Elle revint ensuite devant le Nain.

- Je vous laisse accéder à la forge royale de la Tour. Vous pourrez y travailler quand vous voudrez.
Cependant je pense que vous feriez mieux d'aller au volcan...Un ami, à qui j'ai confié une tache d'importance et qui pourra éventuellement vous aider, y possède sa forge personnelle. Ses compétences ne sont plus a prouver et ma confiance en lui est inébranlable.

Les appartements d'Arzok furent déplacés afin que le Nain jouisse d'une belle chambre et d'un confort à la hauteur de son rang. Natalya lui donna un formulaire cacheté lui donnant libre accès à la forge royale et ainsi le libre passage dans les couloirs de guerre où les Ensis faisaient des rondes permanentes. Apparemment, sous la Tour il y avait une multitudes de salles réservées à la guerre et les forges ne cessaient de fonctionner. De grandes cheminées remontaient l'air chaud et la fumée en un point situé non loin de la Tour. Etrangement, aucune colonne de fumée ne montait dans le ciel aux alentours...

- Souhaitez-vous rester ici ou aller au volcan Seigneur ? Sachez que si vous partez, je vous ferait accompagner d'une escorte fidèle.

Le Nain réfléchit un moment...

"J'irai au volcan, comme es ancêtres qui forgèrent les sept Marteaux des Rois. Il n'y a que là que je pourrai faire une arme parfaite pour pallier à mon bras tranché. Mais je partirai seul ,ma Reine, car ce que je dois faire, seul un nain peut le voir."

- Vous irez donc au volcan seigneur Arzok et bien que l'idée de vous laisser partir seul ne me plaise guère, je respecterais votre choix. Vous devrez être prudent, Orome peut avoir des Anges en patrouille.

On aida Arzok à se préparer au voyage. Un des rhotés récupérés avait été harnaché pour le Nain et on l'aida à monter dessus. Le voyage ne serait pas très long mais le rhoté portait une sacoche de provisions de plusieurs jours et d'autres choses utiles.

- Prenez garde Seigneur, tant que vous n'aurez pas accompli votre oeuvre, votre blessure ne sera pour vous qu'un terrible fardeau si elle se rouvrait. J'ai fait prévenir l'Ensis chargé de récupérer votre outillage de vous les amener à la Grande Forge. Je pense qu'il sera déjà là-bas à vous attendre. Lorsque vous aurez terminé, rejoignez nos armées à Eliore. Je vous y attendrais si tout se passe comme prévu.

Natalya accompagna Arzok monté sur le rhoté jusqu'à la porte du portail principale de Glanderk.

Lorsque vous arriverez à la Grotte de souffre, aller voir Erone.
Le Grand Forgeron s'est établi au bout de la troisième galerie de droite en entrant dans la grotte. Normalement, les dragons sommeillent ou sortent par d'autres entrées. Le chemin est généralement libre et vous pourrez accéder facilement à la forge qui n'est gardée par aucune créature et seulement fermée par une immense porte en bronze ornée d'or.
Frappez trois fois et prononcez mon nom, le Grand Forgeron vous recevra.

L'Ange déchue salua le Nain avec un sourire soucieux.

Que la lumière éclaire vos pas Seigneur meme si celle-ci est malheureusement bien terne en ces heures...

Natalya regarda partir le Nain et s'en retourna. Elle avait des choses à faire à la Tour et pour elle aussi,seule la solitude devait l'accompagner...