[HRP/ Excuses-moi Aldarion pur le temps que j'ai mit à arriver ^^' / HRP]

Un tourbillon de lumière bleue éclaira brièvement l'herbe sombre au pied du bâtiment de guérison. La nuit était avancée et les soudaines ténèbres, après l'éclair de magie, laissèrent Natalya aveugle...Des mains familières la rattrapèrent alors qu'elle tombait en avant désorientée et blessée.

- Natalya ! Regardez-moi !

Lentement l'Ange tourna la tête et jeta un regard circulaire autour d'elle. Peu à peu elle s'habitua à l'obscurité et vit des feux, des hommes et des Elfes qui s'activaient, des blessés qu'on soignait, des armes qu'on entassait ou des tentes que l'on dressait.

- Natalya, regardez-moi ! Etes-vous folle d'avoir érigé de telles barrières !?
J'ai tenté de vous voir mais je ne pouvais entrer !

Le Mage, car c'était bien Proméus qui asseyait maintenant la reine dans l'herbe, posa ses mains sur la cuisse bandée de la jeune femme et une lueur dorée émana de l'entaille profonde sous les bandes de tissus déjà rougies par son sang. Natalya gémit et se crispa mais ne réagit pas d'avantage à la guérison partielle que venait de lui donner le maître des Mages.

- Vous auriez perdu l'usage de cette jambe si vous étiez restée enfermée dans vos appartements ! J'ai apprit que vous aviez vaincu un subalterne d'Oromë mais que s'est-il réellement passé ?

Le Mage releva avec précaution l'Ange. Elle ne l'écoutait pas. Elle se laissait manipuler comme une poupée et restait plongée dans ses pensées.

- Bon sang vous êtes dans un sale état ! J'ai envoyé les plus sage de ma maison pour dialoguer avec les Anges...
- Proméus...Pourquoi cet endroit ?

Natalya semblait avoir soudainement reprit vie. Ses yeux d'argent rencontrèrent enfin ceux du Mage et ce dernier arrêta net ses reproches et questions. Un nuage passa dans son regard. Il lui paru brusquement si triste et si vieux...

- Je...Le seigneur Aldarion est sur le point de nous quitter. Il vous demande. Galylée est déjà auprès de lui. J'ai tenté de le sortir de son sommeil mais il ne fait que délirer et le peu de conscience qui lui reste va bientôt disparaitre en lui...Nous ne pouvons rien faire...


Natalya franchit les portes de bois en écartant sans douceur un garde elfique qui la gênait. Sa cape de soie noire bordée de fourrure blanche frôlait le sol sans bruit tandis que ses pas résonnaient sur les dalles majestueuse du hall de la maison de guérison elfique. Malgré ses blessures, elle avançait d'un pas rapide et courrait presque.
Dans sa hâte, elle ne remarqua pas qu'il y avait sur un banc un Ange dans le hall qui recevait des soins.

On lui ouvrit la porte qui donnait sur la chambre où Aldarion était en train d'agoniser. Trois Mages et deux Haut-Elfes étaient autour de lui et murmuraient des formules incompréhensibles même pour la reine.

- Ecartez-vous !

Il était là. Allongé sur un lit blessé mortellement...Les étoffes de soies sur lesquelles il était étendu suintaient dans son sang et son visage si beau était estafilé et blanc comme un linge.
Natalya lui attrapa une main et lui releva la tête en gémissant.

- Aldarion...Non...non...Reste avec moi...Ne m'abandonne pas !

Serrant tendrement la tête de l'Elfe gris contre sa poitrine, elle ferma les yeux et ses larmes se mêlèrent à ses longs cheveux elfiques. La douleur qu'elle éprouvait en cet instant égalait celle qu'elle avait reçu au Vithil en retrouvant ses parents égorgés. L'image de tout ceux qu'elle avait vu mourir lui revint en tête...Tant de souffrances ! Tant de honte dans les cieux, sur cette terre et en Enfer !

- Pourquoi !? ...non...Aldarion...

Par pudeur et par respect, les Mages et les Elfes avaient quitté la pièce. Seul Proméus était resté, droit, la tête baissée et le regard perdu sur le sol.

Aldarion remua dans son sommeil de douleur. Il bougea la main que venait de tenir Natalya et derrière ses paupières ses yeux s'agitaient.
Il tentait de sortir de ses rêves, ses cauchemars, ses songes...de ce néant de grisaille qui lui enveloppait l'esprit.
Au bout d'un moment, il se sentit partir. Le peu de conscience qui lui restait sembla l'abandonner et il lutta de toutes les forces qui animaient encore son corps pour revenir.
Soudain, sa conscience reprit vie et il luttait maintenant pour ouvrir les yeux et reprendre possession de son corps qu'il ne contrôlait plus, qui semblait ne plus vouloir lui obéir.
Quelque chose de chaud lui enveloppait la tête et le berçait...Quelque chose de tiède, d'humide coulait le long de son front...Pendant un instant il crut qu'il avait reçu un coup à la tête et que c'était son sang qui s'échappait de la blessure mais bientôt il réalisa que cela ne le faisait pas souffrir.

- Narnia...

Il remua les lèvres et dans un souffle tenta de s'exprimer. De ses deux mains il saisit brusquement le drap ensanglanté sur lequel il était allongé et serra les dents. Ses blessures, surtout celle qu'il avait au flanc, lui rappelaient leur présence. Il gémissait, soufflait, grimaçait, grognait de douleur...
Aldarion ouvrit les yeux. Il ne voyait presque rien: un voile de brume obscurcissait sa vue pourtant si pointue de nature. Il tourna la tête comme quelqu'un atteint par la fièvre et qui délire. L'Elfe discernait une vague forme. Une femme, encapée, aux cheveux noirs et aux ailes de cette même couleur. Natalya...Il reconnue Natalya malgré ses cheveux courts.

- Nata...lya...Je...v..vais..

Aldarion n'arrivait pas à articuler et respirait maintenant avec force. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait avec rapidité et, de temps en temps, son regard déviait de ce qu'il voulait fixer: sa reine, son amie éternelle...

-...mourir...

Natalya qui pleurait déjà toutes les larmes de son corps éclata en sanglots en entendant Aldarion lui souffler ces mots. Elle reposa sa tête sur le lit et lui saisit une main pour la serrer contre son visage.

- Ne dis pas ça Aldarion ! ne dis pas ça ! Reste avec moi ! Je t'en supplie Aldar...Non...

Les yeux d'argent de la reine étaient redevenus noirs comme les ténèbres un instant et viraient maintenant au bleu électrique: dans sa douleur, elle n'arrivait plus à se contrôler. Ses mains tremblaient, ses jambes flageolaient...Elle posa une de ses paumes sur le front d'Aldarion et sentit qu'il s'en allait.

- Non...Non...Proméus ! Proméus fais quelque chose ! Aldar !

Elle avait hurlé au Mage cette supplique. Le vieil homme s'approcha d'elle le visage déchiré par la tristesse de voir ainsi son amie en détresse et cet Elfe valeureux prêt à rendre l'âme. Il agrippa l'épaule de Natalya.

- Je ne peux rien faire. Il est condamné, vous êtes son seul espoir.

Mais la reine ne pouvais rien faire. Elle n'était pas capable en cet instant de sauver son ami. Affaibli, rongé par la guerre, son esprit n'était plus assez fort et sa puissance magique n'était pas utilisable.
Dehors le vent soufflait par rafales et une fine pluie venait glacer les membres des survivants de la bataille.

- Aldar...Je ne peux...je n'ai jamais eu la force...

Aldarion serra la main de Natalya quelques seconde mais ses forces le quittèrent et sa main resta ballante. Il était conscient de ce qui se passait, il allait mourir, Natalya le pleurait, personne ne pouvait l'aider, c'était la fin, la fin de tout pour lui...Narnia...Il pensa si fort à elle que son nom fut une nouvelle fois murmuré entre ses lèvres ensanglantées.

- Narnia...Protégez-là...

Sa voix n'était plus qu'un souffle et bientôt elle s'éteindrait à jamais. Mais l'Elfe avait encore des choses à dire...Tant de choses ! Tant de mots qui ne franchiraient pas ses lèvres !

- Mon...heure était...venue...Nata...lya...je t'aurais sou...tenu jusqu'au bout...

Jusqu'au bout, oui, jusqu'au bout il aurait tenu bon à ses côtés...Ses larmes se mêlèrent à son sang et celle de son amie.

- K...Kendra...et Elendir...doivent être...ar...arrêtés...v...vengez-moi...

Sa poitrine, un instant plus tôt agitée d'une respiration rapide, se calma et se souleva trois ultimes fois.

- ...Liane...Marcus...tous...je...vous aime...

Ses yeux se fermèrent doucement et sa tête tomba sur le côté. Son dernier soupir fut inaudible.

Dans un sanglot, avant que l'Elfe ne ferme à jamais ses yeux, Natalya jura. Elle jura la perte de Kendra dont le retour était affirmé. Elle jura la perte d'Elendir, ce traître déplorable. Elle jura de veiller sur Narnia autant que lui permettraient ses forces et son statue de reine.
A l'image de son peuple, la jeune femme était brisée. La guerre l'avait blessée physiquement mais aussi moralement et ce, plus profondément qu'elle ne l'aurait imaginé.
A genoux auprès de son ami, l'Ange serra sa main inerte contre son visage. Sa poitrine se soulevait au rythme de ses pleurs et sa main libre se crispa au drap ensanglanté. Proméus posa l'une des siennes sur l'épaule de la reine et garda le silence. Il pensait ainsi pouvoir quelque peu apaiser Natalya car sa réaction face à une telle douleur était imprévisible mais elle serait sans aucun doute violente...
Pendant un long moment la salle résonna des sanglot de l'Ange abattue. Mais peu à peu, ils se firent silencieux et la respiration de la reine reprit un rythme un peu près normal. Le Mage hésitait à parler. Au fond de lui il voulait la prendre dans ses bras, la consoler, lui montrer toute la compassion dont il était capable en cet instant de profonde détresse pour elle. Mais quelque chose le retint.
Natalya se releva soudainement et chancela. Prise d'une fureur sans nom, elle écarta la main de Proméus et tendit une des siennes dans le vide. Elle sembla chercher quelque chose dans l'air et ne pas la trouver. Sa pupille disparu derrière un rideau d'argent et elle se tourna vers le vieil homme.

- Que les bûchers soient allumés et que les soldats, quelle que soit leur race, se reposent cette nuit. Retrouvez Narnia, amenez-la ici et faites lui savoir qu'elle aura tout mon soutient pour surmonter cette épreuve qu'est la mort de notre cher ami.
Qu'Elendir soit pourchassé et emprisonné s'il est trouvé. Que les Anges sachant qu'il sera jugé selon nos lois et qu'en mon absence c'est à toi qu'ils doivent s'adresser.

Proméus fut surpris par la force qui se dégageait de la reine à ce moment là. Si sa voix avait chevrotée un instant, elle s'exprimait maintenant avec une fermeté déconcertante.

- Je...où comptez-vous aller ?!
-Kyrn. Si Aldarion n'a pu être sauvé, Kyrn le sera.

Natalya détacha sa cape et recouvrit le corps d'Aldarion de sa soie noire bordée de fourrure blanche. Elle prit soin de mettre ses mains en crois sur son torse et de lui repositionner la tête droite.
Les yeux baignés de larmes, elle l'embrassa sur le front et lui couvrit le visage.
Brusquement, elle tourna le dos au lit et au Mage et ouvrit les portes pour s'en aller où Proméus seul pouvait maintenant deviner.

- Attendez ! Ne...

Mais le Mage su dès que les yeux impérieux de Natalya croisèrent les siens dans sa halte qu'il n'avait plus rien à dire. Il baissa la tête et la releva affligé et désespéré par les actes insensés que la reine prévoyait de faire.

- Le poignard est au second plan de Lumière.

Sur cette phrase, Natalya le remercia d'un coup de tête et s'envola.
Proméus ordonna à quelques gardes de se poster devant et dans la salle, tombeau provisoire de l'Elfe valeureux, et s'en alla à son tour pour ordonner que l'on recherche Narnia dans la forêt, Elendir pour le châtier, il dépêcha des messagers chez les Anges et alla retrouver Liane dans les appartements de la reine...

[suite de Proméus dans le post "Soupirs d'après guerre" et suite de Natalya dans le post "Une renaissance sanglante" à la Tour Glanderk]

Les Anges étaient parti. Narnia conservait son apparence de « femme arbre » mais les lianes qui sortaient de son corps étaient abattues, le visage penché sur le sol, elle semblait sans vie. Soudain elle releva la tête, elle s’arracha du sol où ses jambes étaient devenues racines. Elle retrouva son apparence de Sylve et ses blessures se rouvrirent. Son arme sacrée retourna à la Terre. Une chose était arrivée, une chose qui la faisait souffrir.
Elle se tourna lentement vers la forêt, une douleur indescriptible lui lacéra le ventre. Elle tomba à genoux, ses bras couverts d’un sang noir découvrirent une entaille qui ouvrait son ventre de femme au monde hostile. Un éclair rouge illumina ses yeux. Elle comprit.

Aldarion pensait à elle, un instant elle le vit, étendu sur un lit, agonisant.
Sans attendre, Narnia s’élança. Elle traversa le champ de bataille jonché de cadavres, qu’elle inondait de son sang. Elle entra en trombe dans la forêt, traversa les buissons d’épines et de ronces sans ressentir la moindre douleur, ses pas étaient plus rapides que ceux du lièvre et les créatures ne pouvaient que sentir sa présence sans la voir. Une seule idée la guidait, sauver son amour. Nahi avait sentit le désespoir de la Sylve, à tire d’ailes elle volait entre les arbres plus rapides que le vent. Elle la rejoignit rapidement et ensemble tels des éléments purs, elles soulevèrent la terre de leurs pas en communion et formèrent des tourbillons de vent. Rien ne semblait pouvoir les arrêter, Narnia paraissait invincible, indomptable, elle n’était plus humaine.
C’est alors qu’Aldarion mourut. Le dernier souffle de vie qui le rattachait à la terre s’éteignit tel une étincelle.
La douleur fut indescriptible. Narnia, dans son incroyable élan, tomba au sol. Ses membres se figèrent, son corps ne lui répondait plus. Une balafre parcoura son visage depuis le front jusqu’au menton, son épaule droite était démise. Il ne lui restait plus qu’une centaine de mètres pour arriver jusqu’à lui. Elle avait échoué. Elle aurait pu le sauver. Son cœur se brisa telle la glace de l’étang gelé, fracassée à coups de pieds. Les débris fondaient comme neige au soleil, il ne lui restait plus rien.
Sans un mot, les yeux rouges, elle parvint à se relever, elle se balança contre un arbre pour remettre son épaule et tituba jusqu’au cadavre d’Aldarion. Nahi était étendue sur son épaule qu’elle inondait de larmes.
Se tenant le bras, Narnia arriva dans la pièce où l’odeur du sang était insoutenable. Le corps de son amant était étendu, sa peau était d’un blanc bleuté, ses paupières fermées, il n’était pas mort en repos. Il n’avait pas atteint le but de son existence.
Elle resta sur le seuil. Des gens lui parlaient sans qu’elle parvienne à les comprendre. Leurs mouvements désordonnés prouvaient qu’ils n’avaient pas fait tout leur possible. Ils avaient tous assistés à sa mort sans bouger.

-SORTEZ TOUS !!!

Sa voix tonna, tel le tonnerre dans la vallée, elle résonna jusqu’au plus profond de leur âme. Nul ne pouvait s’opposer à ces mots.
La porte se referma.

Narnia s’approcha lentement du corps.

Les Sylves ne pleurent pas, sauf s’ils sont au désespoir. Alors une seule larme roule sur leur joue, telle une perle de cristal. Elle s’en va mourir sur la terre, et entraîne toute vie sur son passage. Il se forme un cercle de désolation.

Nahi pleurait sur le corps de l’elfe.
Narnia s’approcha de celui-ci et toucha sa joue. Le froid de la mort lui empoigna le cœur. Elle s’effondra.

-NAAAAAAAAAAAAÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏ !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Son cri déchirant lacéra l’air et fit vibrer le vent. Tel une onde de douleur, il parcoura la forêt qui tressaillit.
Les images de tous les instants passés avec Aldarion lui revinrent en mémoire, tel des éclairs de bonheur. Elle se rappela la nuit précédant la guerre. Son corps fertile avait accueillit la graine de la vie. Son regard se porta sur son ventre dont le sang coagulé avait quelque peu obstrué l’entaille. Elle savait qu’elle attendait un enfant. Aldarion ne le verrait jamais.

-Oh ! Aldarion, j’aurais du te le dire…tu es mort sans savoir que tu avais un enfant, tu es mort sans pouvoir le voir…

Ses lèvres se posèrent sur les siennes.

Soudain, son ventre se contracta. La douleur la fit grimacer. Sans y prêter attention, elle continua à regarder son amant. La contraction se fit alors plus forte, puis une autre vint la renforcer. N’y tenant plus, La Sylve était pliée en deux, elle grimaça puis se mit à gémir. La douleur s’intensifia et eut raison de ses forces. Elle tomba à genoux. Nahi était devant son ventre, le regard apeuré.

-Non pas ça…non…mon enfant…non…j’ai perdu mon amour, je ne veux pas perdre mon enfant…NOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNNNNN !!!!!!!!!!!!
AAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

La douleur physique entra en fusion avec la douleur mentale. Aveuglée, La Sylve accoucha, et au lieu de donner la vie, elle donna la mort. Une marre de sang mêlé de placenta inonda ses jambes, la sueur de son front ruissela dans la balafre de son visage.
Une chose informe était au milieu de cette marre. Un enfant qui n’avait pas pu porter ses lèvres à la coupe de la vie. La Sylve le tenait dans ses mains et une larme transparente, contrasta sur le sang de sa joue et mourut sur le sol. Elle se leva et le posa sur le cœur de l’elfe, et mit ses mains en croix dessus, comme pour le protéger.
La Sylve coupa alors une mèche de ses cheveux et lia les mains du père au corps de l’enfant.

-Il s’appelle Narnia. C’est le nom du royaume dans lequel il aurait dû grandir. Mon royaume, mort à présent avec vous, et moi.

La peau brune de La Sylve devint alors noire comme l’ébène. Ses blessures se fermèrent par de l’écorce.

-Welden moi ! (Forêt change !)

Le bois du lit se transforma en lianes qui transportèrent le corps dans la forêt.

La Sylve sortit à sa suite.

Une voix l’interpella :

-Dame Narnia je…

La Sylve se figea. Sans un regard elle répondit:

-Désormais on m’appellera Edoc’sila, Celle-qu’on-ne-peut-conquérir.

Dehors, une multitude de fées, dressa un bûché funéraire, où fut installé le corps d’Aldarion.

-Boëtq istalri ! (Que le feu soit !)

Les flammes caressèrent le corps des deux défunts. La forêt entonna alors une longue plainte. Un requiem pour tous les défunts enfants de Gaïa.

-Eitha ! Breoal ! Eitha a slytha’baen, eitha pömnuria vinr vodhr Älfakyn. Sé mor’ranr ono finna!
(Pars! Famille, maison! Pars pour la cité du sommeil, pars mon noble ami elfe. Puisses-tu trouver la paix !).


Les arbres prirent leur feuillage rouge. La forêt portait le deuil.
Edoc’sila prit la décision de rejoindre Liane.

Elle marcha longtemps après que le bûché se fut consumé. Elle brûla les loques qui lui servaient d’habits, et se lava dans une rivière. Sa fraîcheur calma quelque peu les ardeurs du corps brûlant de la Sylve. Elle n’arrivait pas à avoir les idées claires. Les fées lui confectionnèrent une veste en cuir noir décorée de motifs en argent, qui laissait voir ses bras et descendait jusqu’à mi-cuisse. Sa taille fut ornée d’une ceinture faîte dans le même cuir qui pouvait accueillir ses deux lames sur le côté et devant sa lame en croissant de lune. Ses poignets furent ceints de bracelets d’archer, en argent. Elle revêtit un pantalon de cuir souple d’un rouge sang, qui recouvrait des bottines du même cuir que la veste. Le pantalon serrait les cuisses et était plus lâche aux mollets puis se resserrait au niveau des chevilles.
Les cheveux argent de la Sylve furent tressés et ornés de perles noires, en ébène. Un arc lui fut apporté, confectionné en if, avec une corde en boyaux de chat sauvage, ainsi qu’un carquois en lin teinté de noir remplit de flèches pour différents usages, couper les cordes, briser les armures, chasser...

Edoc’sila remercia les fées et retourna à l’endroit où fut dressé le bûché funéraire. Là, elle s’accroupit et saisit sa lame en croissant de lune. Elle se mortifia alors la joue, sous l’œil droit, pour y inscrire un signe. Une sorte de croissant en forme de V, dont la pointe se continuait par un trait qui descendait jusqu’à mi-joue. Le sang coula sur les cendres. Elle en prit qu’elle pressa sur sa blessure. Une cicatrice noire prit la forme de cette dernière. Là où le sang avait coulé une fleur émergea qu’Edoc’sila nomma Delois (plante aux feuilles vertes et aux feuilles pourpres).
Edoc’sila prit alors le chemin de la cité elfique, à la suite de Promeus. Nahi sur son épaule, entortillait les cheveux de la Sylve d’un air absent mais inquiet. Son amie était plus sombre que jamais et la noirceur de sa peau, n’était que le reflet de celle de son esprit. Elle marchait d’un pas décidé et ferme, le regard sombre. En chemin elle but du nectar de fleur que les fées lui avaient préparées, ainsi que du pain de seigle. Cela lui permit de reprendre des forces, et le silence du deuil de la forêt calmait un peu sa colère. Aucun oiseau ne chantait, aucune fée ne babillait, aucun chevreuil ne courait, aucun sanglier ne grognait. Le silence mortuaire et grave emplissait chaque feuille. La forêt entière faisait écho à l’esprit de la Sylve, sa mère. Edoc’sila vivait maintenant pour se venger, l’amour avait disparut de son cœur.
Pour elle, Natalya était en partie responsable de la mort de son compagnon. Si elle n’avait pas pensé qu’à sa personne, Aldarion ne serait pas sortit de sa chambre, blessé comme il l’avait été. Si Natalya lui avait donné l’ordre de rester à s’occuper des blessés, il serait encore en vie. Si Natalya n’avait pas joué à prouver à tous sa bravoure, elle aurait pu le sauver. Si elle avait d’abord pensé à Aldarion avant elle, elle aurait courut le rejoindre et aurait pu le sauver. Si elle ne l’avait pas fait parler, il aurait vécut assez longtemps pour que la Sylve puisse arriver.
Edoc’sila était pleine de ces ressentiments envers Natalya et réclamait vengeance. Elle avait trois vengeances à accomplir et celles-ci guidaient ses pas.
Nahi connaissait les sentiments de la Sylve et savait qu’ils étaient injustes et faux. Mais rien ne pouvait pour l’instant faire changer d’avis son amie. Nahi ne pouvait que rester près d’elle pour la protéger, et protéger ce lien qui liait leurs vies.

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HRP/désolée de faire une si longue réponse mais comme j'ai été absente longtemps, je n'ai pas eu le choix. Edoc'sila va donc rejoindre Liane à la cité elfique, dans le post "soupirs d'après guerre"/HRP